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LA PLUME NOMADE

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Sur le toit du monde

  • Photo du rédacteur: La plume nomade
    La plume nomade
  • 16 mai 2020
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 25 oct. 2020

Les sommets montagneux ne sont-ils pas majestueux? De la chaine Himalayenne aux Alpes en passant par la Cordillère des Andes et les Rocheuses, ces pics enneigés qui surplombent le monde intriguent l’Homme depuis bien longtemps. Je n’y fait pas exception. En 2016, lors d’un voyage en Bolivie, je me lance dans une folle ascension d’un des volcans les plus élevés d’Amérique du sud.


L’histoire se déroule sur les hauts plateaux boliviens de l’Altiplano, situé au coeur de la Cordillère des Andes. Sortant d’un long trajet de minibus passé à discuter à l’arrière avec un grand-père mastiquant de la feuille de coca, je pose le pied sur les terres du parc national de Sajama. En arrière du modeste village portant le même nom se dresse le plus haut sommet du pays, le Nevado Sajama qui culmine à 6 542 mètres! À peine arrivé et je me sens minuscule face à cet imposant volcan recouvert de neiges éternelles. Les nuages qui l’entourent en après-midi forment sa garde rapprochée, amplifiant mes craintes à son égard. Peu d’âmes vivent dans la petite bourgade qui semble abandonnée au milieu de ce vaste désert inhospitalier au climat aride et frais. La vue panoramique n’en demeure pas moins sublime. Les petits frères du Nevado Sajama se dressent de toute leur hauteur en file indienne sur la frontière chilienne. N’ayant que peu de personnes avec qui socialiser je tente une approche avec les nombreux lamas et alpagas broutant dans les environs. Hélas, ces camélidés ne se laissent pas approcher. Je n’insiste guère pour ne pas les énerver, et éviter de me faire cracher dessus comme un certain capitaine Haddock. Je retourne dans mon auberge faite de plusieurs maisons au toit arrondi ressemblant étrangement à celles des Hobbits. Je rencontre alors deux grands gaillards Jerry et Daniel, respectivement hollandais et belge, qui sont venus ici pour faire de l’alpinisme. Autour d’un repas composé de soupe, riz et patates, la discussion se poursuit en anglais, flamand et français et nous organisons une randonnée pour le lendemain.


Accompagné de mes nouveaux amis européens, je pars explorer les alentours dont l’objectif principal est l’acclimatation avant de me lancer dans un plus grand défi. Le village est tout de même situé à 4 200 mètres, une altitude à laquelle nos corps ne sont pas habitués, enfin plus précisément le mien. Car du haut de leur deux mètres, Jerry et Daniel sont des forces de la nature et des habitués de grandes ascensions. Ils m’enseignent leur technique de respiration pour mieux gérer les effets de l’altitude. À travers les plaines arides, nous longeons un mince court d’eau éclairé par le soleil de tous ses rayons, lui même englobé d’un vif ciel bleu. Lors de notre pause déjeuner, je reste interloqué en regardant Daniel gober un énorme avocat suivit d’une motte de beurre sans accompagnement…«Le gras ça donne de l’énergie» me dit-il en flamand, et traduit par Jerry. Nous continuons jusqu’à atteindre des geysers, ces impressionnantes créations de Dame Nature. Dans un sol rempli de minéraux, les couleurs vives se succèdent aux abords de ces sources d’eau brûlante. Une baignade oui, mais certainement pas là-dedans! Nous optons pour la rivière à la température plus adéquate, avant de rentrer après une randonnée d’une bonne vingtaine de kilomètres.


L’heure de l’affrontement est arrivée. Mon adversaire n’est rien d’autre que le Parinacota, un volcan dont le sommet pointe à 6 348 mètres. Mon estomac se noue, les craintes brouillent mon esprit, la peur d’échouer envahit mes membres. Dans cette expédition où l’altitude est la plus grande difficulté, serais-je à la hauteur? Levé à deux heures du matin après une courte nuit sans rêves, je monte à bord de la Jeep de Rodolpho, un guide bolivien, accompagné des rois de la respiration Daniel et Jerry. Pendant que les phares du véhicule se frayent un passage dans le noir oppressant, j’essaie de contenir mes montées d’adrénaline. Nous y sommes. Au pied du volcan à 5 150 mètres. Je respire toujours. Munis d’une lampe frontale, d’un bonnet et de gants en laine aux saveurs locales, j’entame l’ascension du mastodonte andin. Durant les premières heures, je reste concentré et en contrôle. Avançant lentement en zigzag, mais sûrement sur le flanc pentu. Les premières lueur du jour apparaissent, révélant l’immensité des alentours. Rodolpho, habitué de ce genre d’expédition, n’est pas du tout essoufflé. Il rit et parle même au téléphone en marchant! Mes deux autres coéquipiers ne semblent pas non plus fatigués. Il fait jour depuis un bon moment maintenant. Le vent souffle fort. Je ne vois toujours pas le sommet, seulement cette pente grisâtre interminable faite de roches et de poussière. Je commence à souffrir. Je ne peux pas abandonner, sinon tout le monde doit redescendre. J’aperçois les premières «penitentes», des pics de glace qui ressemblent à des épées de cristal. Le guide me dit qu’on y est presque. Plus que 200 mètres, mais je n’en peux plus. Mon coeur bat à cent-mille à l’heure, j’ai le souffle court, je manque cruellement d’air. J’avance pas par pas et m’arrête tous les dix mètres pour reprendre mes esprits. Jerry me prête ses bâtons et m’accompagne jusqu’au bout. Dans un semi état comateux, j’atteins enfin le cratère du Parinacota! 6320 mètres, je l’ai fait! Je laisse mes comparses poursuivre jusqu’à la plus haute partie du cratère, Rodolpho insistant sur le fait que je ne peux aller plus loin. Qu’importe, face à la fierté d’avoir réussi un tel défi et la récompense du panorama qui m’est offert, l’émotion m’envahit. Debout sur l’un des toits du monde je contemple avec humilité les volcans avoisinants et les terres chiliennes qui s’étendent à perte de vue. Je perds toute notion du temps, de fatigue et de hauteur.


Après 4h50 de montée, il nous faut redescendre. Cette partie s’avère bien plus simple. Nous dévalons à grandes enjambées sur un flanc plus sablonneux, ce qui pourrait s’apparenter à une étrange session de ski sans neige. Nous rejoignons la Jeep en 1h30, où la sieste sur la banquette arrière s’avère salvatrice! De retour à l’auberge du village, je ressens quelques étourdissements tout comme Daniel qui semble accuser le coup. Le belge n’est donc pas surhumain! Je dors tout l’après-midi dans mon habitation de hobbit avant de partager un dernier repas avec mes deux amis trekkeurs. Ils remettent ça le lendemain avec l’ascension du plus haut sommet de Bolivie sur deux jours, le Nevado Sajama. Une motte de beurre avalée et ça repart!


Quatre ans plus tard, au moment d’écrire ces lignes, je revis avec la même intensité cette incroyable expérience. Allez si haut pour y trouver calme, sérénité et beauté, comme une métaphore du Paradis. Oui, le paradis de l’Aventure.




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