Les mille et une surprises de Zanzibar
- La plume nomade
- 16 janv. 2021
- 4 min de lecture
Zanzibar, quel nom intrigant pour cet archipel de l’océan Indien chargé d’histoire situé au large de la Tanzanie. Auparavant un point de passage stratégique de la route des Indes et plaque tournante du commerce d’esclaves, cette ancienne colonie passa successivement aux mains des portugais, arabes et britanniques. Aujourd’hui les temps ont changé, le tourisme s’y développe rapidement grâce à ces plages paradisiaques et ses vestiges du passé. De retour d’un safari dans le nord de la Tanzanie, je m’envole à sa découverte en compagnie de ma conjointe et partenaire d’aventure.
Au rythme des marées
Nous nous arrêtons quelques jours à proximité d’un petit village de pêcheurs, Jambiani. Logés dans un petit bungalow rustique au bord de la plage, le décor qui s’offre à nous est majestueux. Les déclinaisons de couleurs de l’océan semblent infinies, passant d’un bleu marine profond à un turquoise transparent. Quelques voiles apparaissent au large, certaines blanchâtres appartenant aux bateaux de pêcheurs qui voguent avec agilité malgré leur construction rudimentaire. Les autres plus colorées utilisées par les passionnés de ‘‘kite surf’’ s’envolant dans les airs. Avec le phénomène des marées, l’univers marin se retire temporairement pour laisser place au monde terrestre, où roches luisantes et algues vertes se font sécher par les puissants rayons du soleil.
Nous profitons pleinement de ce cadre idyllique pour nous relaxer, lire, dormir, manger et prendre plusieurs coups de soleil. Et également nous lier d’amitié avec un serveur adolescent Elias au sourire délicieux, ainsi qu’avec un lézard nocturne adopté par Annie. Nous partons en mer pour une séance de pêche en compagnie du capitaine Herye et de son matelot Assan, deux jeunes du village. Dotés d’un simple fil et d’un hameçon nous attrapons deux poissons, dont le contact avec les nageoires est à éviter si on veut éviter la paralysie temporaire. Aux commandes du gouvernail, je reçois une formation accélérée de capitaine et il faut de nombreux zigzags avant que la coque du bateau accoste à bon port. Cette expérience maritime ne m’empêchera pas d’éviter quelques jours plus tard un des pires mal de mer de ma vie à bord d’un navire express nous ramenant sur le continent,
Ici, la plage est un vrai lieu de vie. Les femmes du coin, vêtues de leur robe colorée, y errent régulièrement à la recherche de coquillages cachés. Assises sur le sol, elles creusent à la cuillère dans le sable pour les dénicher. Elles s’y retrouvent également à marée basse, généralement le matin, pour aller pêcher en groupe. De l’eau jusqu’au bassin et positionnées en rond tenant un grand filet, les discussions sont animées et audibles depuis les berges. Ces travailleuses des mers ramassent également des algues, qui seront séchées puis transformées pour se retrouver dans les produits de beauté occidentaux. Les étudiants quant à eux viennent se retrouver après les cours au bord de l’eau pour danser sur du hip hop local. Les hommes y construisent les bateaux traditionnels composés d’une longue coque étroite et de deux flotteurs, surnommés ‘‘dhow’’, faits de bambou ou de bois de manguier. Il y a également des occidentaux venus profiter de la beauté des lieux, ce qui fait le bonheur des quelques vendeurs de plage Massaï. Heureusement, mais pour combien de temps encore, le tourisme de masse n’est pas arrivé ce qui permet un mélange paisible avec les zanzibaris. Juste en arrière des installations touristiques jouissant du cadre paradisiaque, la vie suit son cours dans les ruelles poussiéreuses de Jambiani. Bien que la pauvreté y soit visible, la misère ne l’est pas. Y errer sans se soucier du temps et vous y croiserez de nombreux enfants vous saluant. Des canards, poules et biquettes vous ignorant. Des hommes portant leur couvre chef cylindrique et des fillettes arborant le foulard sur le chemin de l’école, marques de l’influence musulmane.
Labyrinthe de pierres
Nous quittons, non sans regrets, le sud-est de l’île pour rejoindre la ville de Zanzibar située à l’opposé. Lieu de naissance de Freddie Mercury, les airs de Bohemian Rhapsody n’envahissent cependant pas le vieux quartier historique de Stone Town. Dans ses ruelles centenaires étroites et sinueuses construites de pierres, l’ambiance est toutefois animée. Un homme écoute une mélodie arabe assis avec son poste de radio. Des marchands de textile sont accotés devant l’entrée de leur boutique en attendant les clients. Un petit garçon marche vêtu de sa tunique dorée entourées de deux jeunes filles arborant leur voile pastel, comme des symboles de l’innocence recouverts de tissus d’adulte. Les odeurs de cannelle, de poivre, de curry et d’autres épices se mélangent autour des vendeurs ambulants. Le tintement des sonnettes des bicyclettes attaquées par la rouille résonne sans cesse. Les paroles de l’homme pieux récitant le coran accompagnent le regard profond des femmes voilées musulmanes. Les stands de journaux dévoilent leur une aux passants intrigués. La ville de pierre est entière et complexe de part la richesse de son histoire. Les discussions mélangent régulièrement l’arabe et le swahili, un langage africain. Les temps hindous, les églises et les mosquées se partagent l’espace. Les djellabas se mélangent aux atypiques étoffes des tenues Massaï. Alors que de splendides demeures à l’architecture coloniale offrent des vues imprenables sur l’océan, les murs de l’ancien marché des esclaves viennent rappeler les atrocités qui y ont eu lieu.
Notre dernière soirée est à l’image de notre séjour à Zanzibar. Détendus sur le toit d’un restaurant dégustant un sublime mojito, la tête dans les étoiles et les yeux perdus dans l’horizon marin.
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