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LA PLUME NOMADE

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Le jardin de l'Atlantique

  • Photo du rédacteur: La plume nomade
    La plume nomade
  • 1 nov. 2024
  • 5 min de lecture

Ile portugaise située au large des côtes marocaines, Madère ne m’évoquait jusqu’à récemment  que le nom de la vedette mondiale de football Cristiano Ronaldo, né sur ce bout de terre volcanique isolé dans l’océan Atlantique. Bien que cela puisse être un atout pour répondre à la question sportive du jeu Trivial Poursuit, il serait fort dommage de se limiter à ce fait pour décrire Madère à sa juste valeur. 


Patience au terminal


Une des particularités de l’île concerne son aéroport et plus précisément sa piste d’atterrissage construite en partie sur des pilotis au-dessus de l’eau. Coincée au pied des montagnes et faisant face à l’étendue infinie de l’océan, les avions doivent y atterrir dans des conditions parfois délicates où le vent souffle en rafales. Et c’est précisément pour cette raison que mon vol, mais aussi ceux des mes trois compagnons de voyage venus de France, furent décalés à de multiples reprises. L’escale à l’aéroport de Lisbonne se transforma donc en une longue attente à errer entre les différentes portes d’embarquement, à utiliser les différentes toilettes du terminal pour se laver les dents, à manger des sandwichs qui perdaient leur saveur au rythme des tours d’horloge, et à dormir sur des bancs rigides courbés en position foetale. Bref, une vie à la Tom Hanks dans le film Le Terminal.   


Douze à vingt-quatre heures plus tard, les quatre amis d’enfance arrivent finalement à Funchal, chef-lieu de Madère. Cette ville construite sur les flancs des montagnes forme un amphithéâtre urbanisé avec la mer comme scène. On y aperçoit quelques nageurs au pied de la vieille forteresse qui détonne avec ses murs jaunes et plusieurs coureurs courageux d’affronter les rues en pente raide. Au coeur du quartier historique, les fresques colorées des portes des habitations de la rue Santa Maria regardent les nombreux touristes slalomer entre les tables des cafés et restaurants. Et sur les quais postée devant l’hôtel portant son nom, l’icône de Madère se matérialise par une statue de bronze de Cristiano Ronaldo aux mains disproportionnées.    


Cure de verdissement


À peine 60 kilomètres de long, environ 20 de large. Petit territoire certes, mais qui regorge de trésors cachés. Au centre de l’île, les pics montagneux couverts de végétation luxuriante forment un jardin naturel escarpé. Une partie de cette forêt, primaire et immaculée, y pousse depuis des millions d’années. L’humidité s’y ressent dans la brume opaque. Les différentes teintes de vert sont omniprésentes, que ce soit sur les branches tortueuses des arbres couvertes de mousse ou sur les parois rocheuses végétalisées par les fougères. Outre les pluies, l’arrosage de cet éden est assuré par de hautes cascades se jetant de dizaines de mètres dans des bassins à l’eau claire d’un bleu limpide, comme dans le chaudron vert Caldero de Verde ou la levada das 25 fontes. Ces endroits normalement inaccessibles le sont grâce aux chemins vertigineux qui ont permis de construire les levadas. Ces systèmes d’irrigation centenaires formés d’étroits canaux permettent de transporter l’eau des montagnes  d’un bout à l’autre de l’île. Passant parfois dans de sombres tunnels creusés par l’homme, même les randonneurs les plus aguerris équipés d’une lampe frontale ne peuvent éviter l’impact de leur crâne sur les parois rocheuses abaissées. 


Accéder aux parties centrales de Madère est en soi un défi, particulièrement pour l’acrophobe que je suis. Les routes étroites et sinueuses longeant les précipices sont un vrai calvaire. Surtout qu’une vache peut surgir à tout moment, les bovins locaux ayant cette curieuse habitude de marcher sur la route. Et la tension monte d’un cran lorsque la pente s’élève jusqu’a faire vrombir le moteur de la voiture. Mais la récompense en vaut la chandelle. Voir, depuis le pico do Arieiro, le soleil orangé se lever en émergeant au dessus d’un tapis de nuages est un moment privilégié. Observer depuis un belvédère venteux le cirque volcanique de la vallée des nonnes n’en n’est pas moins impressionnant. 


Le Hawaii européen


Comme le temps, les paysages changent rapidement sur l’île. En redescendant des sommets embrumés, les nuages se dissipent à l’approche du bord de mer laissant aux rayons du soleil l’occasion d’illuminer les splendides falaises abruptes se jetant dans l’océan. Un décor à la Jurassic Park, en plus hospitalier. Les panoramas côtiers et les tunnels transperçants les montagnes se succèdent le long de la route du littoral. Entre plages de galets et imposants massifs rocailleux, la baignade peut devenir complexe et dangereuse. Les amateurs d’eau salée ont heureusement la possibilité de se prélasser sur l’une des rares plages de sable noir de Seixal en compagnie de quelques apprentis surfeurs ou dans l’une des piscines naturelles  aménagées au milieu des roches océaniques. Celles de Porto Muniz offrent un cadre grandiose lorsque la mer est agitée, les vagues s’écrasant avec violence sur le récif et arrosant les nageurs émerveillés. Sur la pointe est de São Lourenço, le contraste avec le reste de l’île est saisissant. Le décor que propose les falaises arides rocailleuses en deviendrait lunaire si la présence d’un bleu profond les entourant à perte de vue ne nous ramenait pas sur terre.  


Les villages côtiers révèlent aisément leurs charmes. Leurs maisons colorées aux toits de tuiles en terre cuite installées sur le flanc des montagnes côtoient les terrasses de bananiers et de vignes. Marcher à travers leurs rues intimes se transforme en une involontaire chasse aux trésors. Observer le subtil agencement des pavés composant les trottoirs, laissant apparaitre des motifs comme une ancre de bateau. Se perdre parmi les bougainvilliers et les glycines aux pétales éclatantes, les palmiers, les aloeveras, les oiseaux du paradis et autres plantes exotiques. Admirer la Vierge Marie sur les nombreuses faïences installées à l’entrée des maisons. Pour autant, chacun de ces villages détient un élément qui fait sa singularité. Le canyon vertigineux menant à Paul do Mar et la baie qui le sépare de quelques kilomètres de Jardim do Mar, installé quant à lui sur un lopin de terre entre falaises et océan. Les maisons traditionnelles en triangle de Santana et la descente à pic vers le Rocha do Navio. Les cafés et l’ambiance insouciante de Caniçal ainsi que sa crique aux vagues déchainées. Le petit port de pêche de Camara dos lobos et ses joueurs de cartes, ou encore la vue panoramique depuis les hauteurs de São Vicente.  


Petits plaisirs de la vie


La découverte de cet oasis marin ne peut se terminer sans tester la gastronomie locale. Et pour les quatre estomacs sur pattes que nous sommes, l’offre en poissons, fruits de mer et grillades nous combla. Des poulpes entiers, des morceaux imposants de morue, des sardines grillées ou encore des brochettes sur piques accompagnés de pain à l’ail bolo do caco constituèrent notre régime pendant une dizaine de jours. Sans oublier les tartelettes à la crème pasteis de nata, emblème de la pâtisserie portugaise, qui agrémentèrent parfaitement nos petit-déjeuners, voire parfois plus.  


Les apéritifs quotidiens furent obligatoires. La bière locale Coral, le vin de Madère, les sangrias ou la version sans alcool de jus Brisa ainsi que les overdoses de cacahuètes accompagnèrent les parties endiablées de trou duc. Malgré une attaque de lézard et une remontée fulgurante au shifumi qui auraient pu dégénérer, le voyage se passa sans accroc. Jusqu’à cette dernière soirée, surnommée la soirée aux 21 punchs. Mais ça, c’est une autre histoire!




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